Système de sécurité

Alors que l'aube se levait, trois grosse camionnettes blanches arrivèrent et s'arrêtèrent toutes en même temps devant les portes de l'elysium. "Ah ! Voilà le système de sécurité que je vous ai promis, sénéchal" dit Ragnar au Sénéchal d'une voix neutre camouflant la satisfaction qu'il ressentait. "Avant de commencer, je dois néanmoins vous parler de quelques détails important. J'ai fait amener une douzaine d'homme pour installer ce système le plus vite possible mais même avec autant de personnel, cela va probablement prendre environ 3 jours pour que tout soit complètement fonctionnel. Seulement deux de ces hommes sont des goules et connaissent notre existence. Les autres pensent qu'il s'agit d'un job ordinaire. Par conséquent, pour éviter tout bris de la masquarade possible, nous allons devoir vider les lieux de tout objets douteux et personne ne doit entrer dans l'elysium durant l'installation. S'il y a quelques pièces que vous ne pouvez pas déménager, mes deux goules s'en occuperont personnellement mais n'en mettez pas trop si vous ne voulez pas que la durée des travaux augmente.

Mael se tourna vers l'ancien Senechal avec son regard sombre qui disait très clairement : « Tu aurais pu me le dire avant leur arrivée, enculé. » Puis, elle se gratta la nuque en soupirant d’un air las avant de regarder les portes closes de l’Elysium derrière elle, puis de lever les yeux au ciel pour une courte réflexion d’une fraction de seconde. Dans l’immédiat, il y avait les diverses armes de chacun qui traînaient sur la table des coulisses. Comme tout le monde serait évacué du théâtre, ils partiraient avec leurs armes, donc il faudrait les faire passer par les égouts pour qu’ils ne se fassent pas voir. Cela risquerait de retarder les travaux de Mysa pour réparer les portes et les doubler avec le métal, mais mieux valait un retard qu’un bris de Mascarade. Ensuite… les objets magiques seraient déplacés avec les armes par leurs propriétaires… et…

Les prisonniers! Merde! Mael ne savait plus si le Brujah avait libéré son clochard, mais une chose de sûre, il y avait encore le prisonnier masqué dans une cellule. Ça, et le malade qu’elle avait demandé à Ray de rapporter, mais qu’ils n’avaient toujours pas pu s’en occuper. Les nuits avaient beau être de plus en plus longues, la nouvelle Senechal avait de plus en plus l’impression de manquer cruellement de temps. Et de temps très précieux. Bon, elle pouvait toujours demander à Ray de déplacer les prisonniers subtilement par les égouts pour les mettre dans la prison de la ville, puis les ramener après les travaux terminés. Mais sérieux, il aurait pu l’avertir plus tôt, cet enfoiré de Ventrue!

Lui jetant un dernier regard noir, Mael alla prestement dans son bureau et appela en vitesse Maeza, probablement l’un de ses meilleurs alliés depuis sa nomination au poste de Senechal. Après lui avoir rapidement expliqué l’affaire, elle l’envoya avertir tous les vampires de quitter au plus vite le théâtre par les souterrains, et de n’absolument rien oublier derrière eux. Puis elle fit venir Ray en quatrième vitesse pour qu’il cache vite fait les prisonniers dans son repère. Une fois le tout terminé, elle retourna près du Ventrue qui regardait ses hommes descendre des camions, et le foudroya une dernière fois du regard.
- Je veux un travail impeccable, Ragnar. Et que les écrans de surveillance soient dans mon bureau, et mon bureau seulement. Est-ce clair?
Elle ne lui laissa pas le temps de répondre à ses paroles cinglantes, car elle tournait déjà talons pour aller s’occuper d’un énième problème demandant soit l’appui d’un Senechal, soit le savoir d’un Nosferatu.

Ragnar fut un peu étonné par la réaction du Sénéchal. "Elle avait l'air si pressée que ce le système soit installé mais maintenant que les ouvriers sont là, elle s'énerve."

Ragnar sorti par la porte principale. Dehors, un petit homme portant une salopette de travail bleu fumait une cigarette, appuyé contre la portière d'une des camionnettes. Ragnar pointa les trois camionnettes de la main gauche et avec son autre main tapota son oreille doite.

- Z'inquiétez pas m'sieur Kørn, ils ont tous été hypnotisés par vot' associé. Tant que j'donne pas le signal y'zentendent rien, y voient rien, y pensent à rien, c'est littéralement des légumes. Par contre j'espère que vous avez fait vider le bâtiment parce qu'une fois réveillés y zauront récupérés toutes leurs facultés.

- Je sais, on m'a mis au courant. N'était-ce vraiment pas possible de leur faire installer le système sous hypnose ?

- Quand y sont sous hypnose c'est des zombies et les zombies c'est bien pour garder vot club ou servir de porte manteau mais pour installer d'l'électronique, v'pouvez oublier.

- C'est malheureux mais bon. Avez-vous apporté tout ce dont nous avons parlé ?

L'homme jeta sa cigarette sur le trottoir, ouvrit la portière de la camionnette et attrapa un bloc-note qui reposait sous le pare-brise.

- Voyons voir, des détecteurs de mouvements, des alarmes, d'la reconnaissance vocale, une tabarnac de tonne de caméra infrarouge, des...

- Parfait, parfait, bon. N'oubliez pas que le bâtiment a énormément d'entrées, y compris par les égouts. Je n'ai pas besoin de vous rappeler les conséquences que vous subirez si un "problème" survient ou si le travail n'est pas satisfaisant ?

L'ouvrier poussa un soupir énervé.

- C'est pas mon premier job m'sieur Kørn

- Très bien. Le bâtiment va être évacué dans un moment, quelqu'un viendra vous prévenir.


Ragnar pénétra dans le théâtre et observa le chaos de l'évacuation des habitants qui se précipitaient vers les égouts surchargés de sacs contenant leurs possessions. "Mmm... Peut-être devrais-je leur dire qu'il n'y pas le feu et qu'il peuvent passer par la porte." Mais il resta silencieux et sorti son téléphone cellulaire de sa poche pour prévenir son pilote de démarrer l'hélicoptère, puis il s'avança vers Maël qui se tenait au milieu d'un couloir, tentant vainement de mettre de l'ordre dans l'évacuation.

- Ma chère, puisque vous avez la situation bien en main, auriez-vous l'obligeance de prévenir les ouvriers dehors quand ils peuvent rentrer ? Quand à moi, si vous me le permettez, je vais me retirer, j'ai bien peur que ma longue absence de Québec ai généré un certain nombre de problèmes que je dois à présent régler.

Ragnar s'éclipsa avant qu'elle ne puisse réagir et grimpa jusqu'au toit où son hélicoptère l'attendait, prêt à décoller.

L’enculé… Mael se massa brièvement les tempes pour ravaler un commentaire cinglant ou quelconque sacre, qui n’auraient de toute manière servi à rien puisque l’autre s’était déjà évaporé vers son fichu hélicoptère. Quand elle rouvrit les yeux, l’endroit était déjà vidé de manière très efficace, et après un dernier tour en règle, le Senechal se dirigea vers les camions pour leur annoncer le début des travaux. Elle y assista jusqu’au lever du jour, où elle inventa une quelconque obligation importante pour s’éclipser vers l’hôtel de ville et s’y endormir profondément.

L'ouvrier frappa à la porte/trappe/entrée du repère de Maël et on suppose qu'elle s'ouvrit.


- B'jour m'dame. M'sieur Korn m'a dit de vous prévenir quand le système de sécurité serait tout installé. Et c'est ce que je viens faire. J'peux vous l'montrer si vous voulez. Et puis j'aurais besoin que vous me donniez votre cell que j'puisse le configurer pour que quand l'alarme sonne, le système vous envoie un message.

Mael avait passé la nuit à s'entraîner, et affichait un visage dangereux exténué qu'elle peinait à cacher de plus en plus. D'un air las, elle hocha la tête pour que l'homme lui fasse la visite, les mains enfoncées dans ses poches. Mais quand l'homme lui parla de son cellulaire, la jeune femme se raidit aussitôt en lui jetant un regard noir, et répliqua aussitôt de son ton le plus froid et le plus sec.
- Je n'ai pas de cellulaire.
Puis, d'un geste de la tête, elle montra le vieil ordinateur qui trônait dans la salle des archives.
- Mettez-le sur ça, tiens. Ce n'est pas de la dernière technologie, mais je suis sûr que vous allez êtres capable d'en faire quelque chose...
Sur ce, elle étira un grand sourire plein de défi, du genre "Vous êtes pas cap' de me le retaper à neuf et d'en faire un ordi dernier cri, ce sera bien trop difficile pour vous!" Le genre de sourire qui marchait à 90% pourcent des cas, même lorsqu’elle avait été humaine, parce qu’il allait toucher directement dans l’égo et vous hantais jusqu’à ce que vous acceptiez de lui rabattre le caquet et lui prouver qu’elle a tord... gratuitement. Mael s’était fait des économies monstrueuses en avancées technologique avec ce fameux sourire de « t’es pas cap’ ».

Elle en profita aussi pour demander les écrans des caméras de surveillance dans l’hôtel de ville, salle des archives, plutôt que dans son bureau de sénéchal. Puis, satisfaite d’avoir put pourrir la vie de quelque et de l’avoir fait rager un bon coup, car c’était la chose le plus défoulant du monde quand on est soi-même un paquet de nerf prêt à exploser, Mael suivit enfin l’ouvrier pour la visite.

L'ouvrier, intimidé, se demanda pourquoi elle se déchainait sur lui. "C'est bon, j't'ai rien fait. C'est typique des Nosfé ça. On fait tous c'qu'y veulent et y nous engueulent quand même." pensa-t-il. Mais il resta silencieux et garda son calme. Travailler pour Ragnar pendant 6 ans l'avait habitué à ce type de clientelle.

- Heu, écoutez, c'est vous la patronne apparement, mais zauriez pu me le dire où installer les écrans avant qu'j'les installe parce que pour recabler et replacer tout ça, ça risque de m'prendre une journée de plus. Enfin perso j'm'en fous, j'suis payé à l'heure, mais m'sieur Korn avait l'air de dire que vous étiez pressée. Pour ce qui est du cell, le principe c'est d'être prévenu où qu'vous soyez. C'est la procédure habituelle pour ce genre de système. Si vous avez pas d'cell, j'peux vous configurer votre machine là mais je vois pas trop l'intérêt... Enfin bon, c'est vous qui voyez hein, moi c'que j'en dis...


L'ouvrier jeta un coup oeil au vieux terminal.

- Houla, y est ben trop vieux vot' machin. L'OS va pas être compatible avec le système. J'peux rien faire avec ça. Mais c'que j'peux faire c'est vous en commander un autre. Vous z'inquiétez pas pour le prix, c'est m'sieur Korn qui paye tout. Bon, j'vais vous montrer l'système.


L'ouvrier accompagna Maël dans le théâtre. Les détecteurs de mouvement étaient camouflé dans les recoins des murs et les caméras vidéos étaient toutes cachée dans des petits globes noir afin pour ne pas montrer où elles pointent. Tout était placés stratégiquement pour couvrir tous les recoins et pas un seul angle mort n'avait été laissé.

- J'espère que vous comptez avoir plusieurs personnes pour observer tout ça parce c'bien gentil de me faire placer des caméras partout mais c'est impossib' pour une seule personne de tout surveiller.

Toutes les entrées du batiments, y compris les égouts et l'accès au toit avaient été verouillée avec un système de reconnaissance vocale. L'ouvrier l'amena dans le bureau du Sénéchal et pointa le micro au milieu de la table.

- Pour l'instant, il y a aucun accès configuré mais vous allez dire votre nom et un mot de passe dans le micro pour créer votre accès administrateur. La procédure habituelle pour que ça fonctionne, c'est que zallez d'voir dire à tous vos... heu... collègues... de prononcer leur nom et un mot de passe de votre choix une fois avant d'activer le système. Après, ils devront le répéter pour entrer. Vous pourrez changer les mots de passe quand vous voudrez mais y faudra demander à tout l'monde de réenregistrer leur voix.

Après lui avoir expliqué la procédure en détail, l'ouvrier posa un petit livre sur la table.

- J'vous laisse le manuel d'utilisation, tout est expliqué d'dans. Et je crois que c'est tout... Ah non, au sujet des portes, m'sieur Korn m'a dit que vous alliez les renforcer. J'ai donc fait en sorte que le verroux soit facile à démonter et remonter lorsque le système est éteint. C'est dit dans le manuel aussi. Bon... Des questions ? Vous voulez toujours que je déplace tous les écrans ?

Ils avaient fait du bon boulot, Mael devait l'admettre, et cela la détendit aussitôt.
- Oui, ce serait très gentil de votre part. Et ne vous inquiétez pas pour mon empressement, je préfère avant tout un travail bien fait, et je suis rassurée que tout sera finit avant la fin de la semaine.
Elle rendit un petit sourire amical à l’ouvrier, son stresse ayant fondu comme neige au soleil pour la ramener dans un état plus agréable, état devenu trop rare avec tous les récents évènements.
- Et ce sera formidable d’avoir un ordinateur plus performant dans l’hôtel de ville, je peux vous l’assurer. Faites juste attention de ne pas accidentellement effacer l’un des documents qui s’y trouvent lorsque vous ferez le transfert de l’un à l’autre. Ils sont très précieux.
Son ton de voix n’avait plus rien de dur, devenant plus léger tout en restant ferme. Elle leur faisait déjà une faveur pour toucher à ses archives, qu’ils ne brisent pas sa confiance, où elle leur tomberait dessus comme une lionne en colère.

Après quelques salutations polies, elle retourna à l’hôtel de ville pour enfin se coucher… Du moins, l’espérait-elle, car elle ne put s’empêcher de se retourner encore et encore en songeant à ses responsabilités. Il lui fallait trouver un code original, pas trop évident pour leurs ennemis, mais pas trop difficile pour que tout le monde s’en rappel. Et puis s’assurer que tout le monde allait passer au micro avant la fin de la semaine. Et puis… L’ouvrier lui avait dit qu’avec le nombre d’écran qu’il y avait, elle ne pourrait pas assurer l’observation toute seule, surtout avec son rôle déjà très prenant de Senechal. Mais alors qui? Mael savait qu’il était possible pour un vampire de faire des goules, mais cette idée la répugnait profondément, bien qu’elle n’en laissait rien paraître. Il lui fallait déjà tout pour se nourrir au cou d’un humain de la commune, ça lui donnait la nausée des remords à tous les deux jours, alors en soumettre un à sa volonté! Non merci, elle passait son tour. Mais alors qui? Quand elle s’endormit finalement, les questions étaient encore en suspend dans sa tête, et elle eut des rêves agités jusqu’au crépuscule.

À son réveil, plus épuisée encore qu’à son couchée, Mael partit tout de même à son entraînement où elle réussit à donner le 110% de ce qui lui restait. Ce n’était pas extraordinaire, elle avait déjà été en meilleure forme il y avait de cela bien longtemps, mais c’était amplement suffisant. Quand enfin elle eut terminée vers la fin de la nuit, elle n’eut même pas la force de se traîner vers l’hôtel de ville et s’écroula tout simplement dans l’un des fauteuils de son bureau. Elle avait l’œil vague, le souffle court, et avait balancé son polar brun du bout de ses bras tellement la chaleur l’écrasait. Et rien n’était encore réglé. Laissant entendre un sifflement de ce qui pouvait ressembler à un « tabarnack, j’y arriverais jamais », elle ferma les yeux et se massa les tempes pour réfléchir et calmer son cerveau douloureux. Un code… Un code… N’importe quelle connerie ferait l’affaire, et moins ce serait sérieux, moins les Sabbats avaient de chance de trouver… Un code, un code ridicule, comme… « Jus de pruneau »… Ou « J’aime Céline Dion »… Ou encore « Le pape baise mon cul ». Des choses idiotes, quoi, mais personne n’accepterait un code aussi débile, ça lui ferait perdre de la crédibilité comme leader. Déjà qu’elle n’en avait pas beaucoup à cause de son âge.
- Fuck, il est où Ray quand on en a besoin?
Ce fut tout ce qu’elle arriva à grogner avant de se mettre en boule sur le divan et d’essayer de s’endormir. Elle avait besoin de ses conseils, encore une fois, voir juste sa présence pouvait faire l’affaire. Étrangement, pour un tueur assoiffé de sang, elle trouvait qu’il dégageait quelque chose d’apaisant. Peut-être était-ce parce qu’elle avait trop fréquenté les pires mafieux durant sa vie humaine…