Mael, jusque là couchée sur le ventre devant son ordinateur, avait sursauté assez fort pour se redresser d’un bond, les sens en alerte, en position défensive. Son visage défiguré par les cicatrices blêmit dangereusement en reconnaissant Ray, dont elle alimentait le souvenir grâce aux nombreuses notes et croquis qu’elle s’était laissait un peu partout (à l’hôtel de ville, dans son ordinateur, dans son cahier de note…). Évidement, ce ne devait pas être le cas des autres, d’où sa longue présentation. Néanmoins, il agissait de manière si agressive et intimidante que Mael avait l’impression de regarder quelqu’un d’autre; elle s’était trop habituée à son attitude calme et ouverte lorsqu’ils se retrouvaient seuls, et d’ailleurs elle n’avait jamais compris pourquoi il était ainsi avec elle... Sûrement la pitié.
Enfin bon, pour être sûre, la Nosferatu regarda si ses yeux n’étaient pas rouges, au cas où il n’était pas dans une frénésie quelconque, mais ses yeux étaient bien normaux. Ça devait donc être un raz le bol général pour l’autorité nulle du Ventru et de ses choix insensés, en plus de la mascarade qui avait manqué s’écrouler… D’un côté, Mael était tout à fait d’accord avec sa décision. S’il y avait bien quelqu’un de compétant et en qui elle avait confiance, c’était lui. Mais quelque chose, une inquiétude profonde, ne pouvait l’empêcher de lui serrer le cœur. Aussi préféra-t-elle rester silencieuse et hocher la tête, docile et frissonnante, avant de retourner à ses affaires pour calmer sa sourde angoisse.